mercredi 18 mars 2015

Autour du récit de la Transfiguration 

( Marc 9, 2 et ss.  Méditation du  1er mars 2015 à St Césaire)


Jésus, comme un nouveau Moïse.
Dont le visage rayonne lorsqu’il redescend de la montagne (Ex 34, 29 et ss).

Transfigurer.
Un petit mot rare, qui n’apparaît que 4 fois dans le NT et qui a donné en français métamorphose !
Ainsi tout sera une question de forme, de voir ?

Mais il ne suffit pas de voir ; il faut, encore et encore, une parole qui vienne donner sens à tout cela !
Et quelle parole ? !
La parole du baptême : « tu es mon fils, l’aimé » (Marc 1, 9).
Mais les deux derniers mots sont différents : à la place de « en qui j’ai mis mon chérissement », Marc nous dit ici que la voix du ciel précise :
« Ecoutez-le » (Marc 9, v. 7)

Ainsi Marc nous dit qu’il faut écouter la voix du Maître.
Tout est là, peut-être, dans cette injonction : écoutez-le !
Voilà notre vocation, notre chance, notre exigence aussi !
Écoutez-le !

Et que dit la voix du Maître ?
Ce qu’il  ne cessera de nous dire :
-        Qu’il nous faut changer notre regard.
-        Qu’il nous faut nous laisser transfigurer par la parole de vie.

Pierre pensait savoir ce qui est bon, mais il ne savait rien du tout !
Il ne savait pas qu’il devait se laisser transfigurer par la parole.

Mon frère, ma sœur, laisse-toi transfigurer par le Christ transfiguré.
Et change ton regard pour découvrir un autre visage de Dieu.
Pour découvrir un autre visage de  l’homme.
Car Dieu et l’homme sont toujours autres que ce que nous croyons en savoir.
Ils sont toujours à découvrir à tâtons...
Car Dieu nous attend toujours ailleurs, là où nous ne l’attendions plus.
Comment, comment cela sera-t-il possible ?

N’est-ce pas là comme une définition, en creux, de la foi : 
se laisser transfigurer par Dieu ? C'est-à-dire se laisser retourner, se laisser faire autre par le Tout-Autre ?

N’est-ce pas cela l’alpha et l’oméga de la prière, que de se mettre à l’écoute attentive de cette voix qui vient dans l’ombre de la nuée ?
N’est-ce pas cela l’enjeu de ma foi : apprendre à voir autrement ; non plus avec mon regard mais avec le regard de Dieu ?

Et qu’est-il, ce regard, sinon celui que Christ reçoit et nous communique ?
Car nous voilà, à notre tour, revêtus non pas d’un vêtement resplendissant mais d’une dignité bien plus précieuse encore :
-        - Tu es mon fils ;
-       -  Tu es ma fille bien-aimée.
Même si toi tu crois que tu n’en vaux pas la peine !
Voilà le miracle de la foi.
Voilà le miracle de la transfiguration.

Mais je ne suis pas le Christ,  me direz-vous !
Avez-vous oublié l’épître aux Galates :
" Lorsqu’est venu l’accomplissement des temps, Dieu a envoyé son fils, né d’une femme et assujetti à la loi, afin de nous revêtir de l’adoption. Ainsi, tu n’es plus esclave, mais fils, fille, et comme tel, tu es aussi héritier : voilà l’œuvre de Dieu."(Gal. 4/4)

Mais si cela valait aussi pour la métamorphose ???
Paul, encore :
" Nous tous, nous sommes transfigurés en un même visage, de gloire en gloire, par le Seigneur…" (2 Cor. 3/18)
Et ailleurs :
" Soyez transfigurés par le renouvellement de l'intelligence…"          (Rom 12/2)

Paul, ici, emploie le même mot que Matthieu et Marc : métamorpheo (et que Luc a choisi de  traduire par « autre »).
Ce mot, je l'ai dit,  n'apparaît que 4 fois dans tout le Nouveau Testament, soit  2 fois pour Jésus, et deux fois pour l'homme !

Ma sœur, mon frère, ne dis pas : Christ est transfiguré, si tu ne peux pas dire en même temps : je suis, tu es transfiguré avec lui.
 Ma sœur, mon frère, laisse-toi transfigurer par le Christ transfiguré.
Comment ? Tu le sais bien : seule ta prière peut te donner assez d’humilité pour l’accueillir.