Prédication lors du "Culte Gospel" du 21 juin 2015,
au temple de l'Oratoire. Marc 4, 35 à 41.
Des
tempêtes il y en a, dans la vie des hommes ;
Des
tempêtes il y en eut,
Des
tempêtes il y en aura encore, dans la vie des hommes.
Lorsque
les vagues du chagrin et de la souffrance viennent se jeter sur notre barque,
Lorsque
les vagues de l’intégrisme et du fanatisme viennent se jeter sur notre barque,
Lorsque
la folie raciste, meurtrière et imbécile vient se jeter contre notre barque,
Lorsque
la faim et la guerre viennent jeter des barques remplies d’assoiffés contre nos
rives…
Oui,
des tempêtes il y en a, dans la vie des hommes…
Peut-être
même que la vie humaine n’est qu’une vaste traversée de tempêtes ?
Et
la première constatation qui s’impose, c’est que notre foi elle-même n’y peut
rien, dans un premier temps.
Car
il faut que nous le sachions :
Notre
foi ne nous épargne rien :
Ni
la souffrance, ni les deuils, ni les vagues de la fureur du monde qui viennent
nous briser en fureur ou en silence,
c’est selon…
Et
oui, si souvent, trop souvent, Christ semble bien dormir, sur son coussin, nous
laissant seul avec nos peurs et la fureur des flots…
Seconde
constatation. Les tempêtes ne sont pas d’aujourd’hui.
Elles
sont de toujours.
La
tentation souvent est grande d’accuser notre temps d’être pire qu’hier… et de
dire que tout fout le camp…
Mais
il n’est que de relire notre vieille Bible pour voir que c’est de tout temps
que tout fout le camp… depuis la création même du monde.
Car
des tempêtes il y en a, dans la vie des hommes ;
Des
tempêtes il y en eut,
Des
tempêtes il y en aura encore, dans la vie des hommes.
Et
là, devant tant de fureur des flots déchaînés, là, toujours, surgit la peur. Et
ce sera mon 3ème point.
Notre
peur devant ce monde que nous ne parvenons plus à comprendre,
Notre
peur devant cette foi elle-même que nous ne parvenons plus à comprendre,
Notre
peur devant ces deuils qui nous ravagent en silence…
Oui,
comme le dit admirablement le pasteur Dietrich Bonhoeffer,
La
peur est dans le bateau ! pourtant, poursuit-il, « la Bible,
l’Evangile, le Christ, la foi sont comme un cri de guerre contre la peur !
La peur est l’ennemi originel.
Elle
est installée au cœur de l’homme ; elle le mine, jusqu’à ce que sa
résistance et sa force s’écroulent. Tous les liens qui relient l’homme avec
Dieu et avec autrui, elle les ronge …
Tout d’un coup il ne voit et n’entend plus rien, il ne
peut plus ramer, une vague l’entraîne, et comme pour un dernier appel au
secours, il s’écrie : « qui es-tu, inconnu, dans le bateau ? »
Et celui-ci répond : « je suis la peur ».
Mais alors, c’est comme si les cieux se déchiraient,
comme si les légions célestes elles-mêmes entonnaient le cri de victoire :
NON ! Christ est dans le bateau !
Christ est dans le bateau !
À peine ce cri a-t-il été
poussé, et entendu, que la peur s’en va, les vagues reculent, la mer devient
calme, et le bateau vogue sur une mer paisible.
Christ est dans le bateau[1].
Christ
est dans le bateau.
Même s’il dort : Christ est dans le bateau.
Voilà
l’Evangile. Voilà la bonne nouvelle.
Et
tout redevient possible.
La
traversée peut reprendre.
Parce
que nous savons que X est dans le bateau.
Même
s’il dort !
Alors,
si des tempêtes il y en a, dans la vie des hommes, elles sont aussi l’occasion
de redécouvrir, émerveillé, que nous n’y sommes pas seuls, mais que X est dans
le bateau.
Il
y a d’ailleurs, au début de notre récit, plusieurs barques, et puis la focale
se resserre sur la barque qui s’affronte à la tempête, où pourtant Christ est
dans le bateau…
Mais
je voudrais encore évoquer pour finir une question, une question toute
bête :
Que
vient faire ce coussin dans récit de la tempête apaisée?
Le
texte nous dit : « il (le Christ) dormait à la poupe, sur un
coussin ».
Le
mot grec ici employé n’apparaît nulle part ailleurs dans tout le NT.
Que
vient donc faire ce coussin, alors que nous pouvons lire d’autre part que le
Christ n’avait pas de quoi reposer sa tête, pas même une pierre ?
Un
coussin. Sur une barque de pécheurs pauvres, il y a 2000 ans ?
Un
coussin, dont Jean Valette dira, dans son commentaire sur Marc :
«
Le sommeil, relativement confortable du Maître, tranche ironiquement sur
l’agitation des eaux et celle des disciples[2] ».
J’aurais tellement aimé poursuivre cette discussion avec Jean.
Alors
laissez moi la poursuivre un instant encore avec vous :
Et
si la mention du coussin était là pour dire le repos possible, fût-ce au cœur
même de la tempête ? La tendresse dans la barque, le repos promis, le
repos offert, parce que Christ est dans le bateau, et qu'en son absence il nous
reste le coussin ?
Jean
m’aurait sûrement demandé s’il n’était pas un peu rembourré de pélous, mon coussin...
Alors
puissions-nous être de ceux qui osent reprendre la route, fût-ce au cœur même
de la tempête, par la seule grâce d’un coussin laissé là comme par hasard...
Jean-François Breyne
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire