jeudi 1 octobre 2015


Psaume 78, 1 à 7  et Galates  4, 1 à 4 
Culte de rentrée le 19 septembre 2015, au temple du Mas des Abeilles 

Transmettre !
Ce que l’on a reçu.
Car nous sommes tous le fruit de ce que  nous avons reçu.
Nous sommes tous un patchwork, un kaléidoscope, un puzzle de ce que nous avons reçu et que nous avons recomposé à notre façon.
Et que nous recomposerons encore, car la vie, les événements ne manqueront pas de faire voler, parfois, tout cela en éclats et alors il faudra refaire le puzzle…
L’âge, les souffrances, les deuils mais aussi les joies, les naissances, les rencontres vont reconfigurer la forme des pièces et proposer de nouveaux assemblages.
Mais quelque chose demeure, quelle que soit la recomposition, la reconfiguration des pièces.
Quelque chose demeure, comme une trame invisible de nos puzzles humains
Et c’est ce quelque chose que nous devons transmettre.
Pas l’ordre des pièces,
pas leurs couleurs,
pas même leurs formes,
Mais cette volonté de les faire tenir ensemble.
Cette volonté même de ne pas laisser s’éclater le puzzle.
Cette volonté même de sentir, de pressentir que cela peut prendre sens, que cela peut prendre forme, parce qu’un Autre le veut pour nous et ne se résigne pas à une vie émiettée.

Qu’est-ce que nous avons reçu et que nous voulons transmettre aux enfants de nos enfants afin qu’à leur tour ils le disent à leurs enfants ?
Une promesse !
Une Parole qui vient redonner sens à nos vies souvent insensées ;
Souffle à nos vies souvent à bout de souffle.
C’est d’abord cela la force d’une Parole qui ne vient pas de nous, qui nous précède et qui nous traverse et qui nous donne la force de refaire le puzzle jour après jour.
Cela,  en effet, nous ne pouvons le réaliser seul.
Nous avons besoin des autres, nous l’avons vu.
Mais surtout, nous avons besoin de cette Parole qui nous dit :
-         Allez,  donne un  sens à toutes ces pièces éparses.
-         Allez, vas-y encore et encore.
Oui, c’est cela d’abord que nous voulons transmettre,  c'est-à-dire en être les témoins.
Une parole qui vient  re-brasser les cartes de nos existences.
Une parabole : « notre vie ressemble parfois à la vitrine d’un bijoutier qui aurait  été visité par un plaisantin qui se serait amusé à mélanger les étiquettes indiquant le prix des différents articles. Si l’artisan ne se hâte pas de remettre de l’ordre dans sa devanture, il va au-delà de graves difficultés. … nous aussi il nous fait prendre le temps d’écouter l’Evangile afin d’entendre une Parole susceptible de remettre de la foi dans nos choix, de l’amour dans nos discours, et de l’espérance dans nos existences. Bref une parole qui fasse tourbillonner les étiquettes de notre devanture et qu’elle les dépose chacune à sa juste place[1]».
Il faut qu’une Parole nous dise :
-          Non, ce n’est pas cela la vie, tu peux être autre chose.
-     Tout seul, tu ne peux rien mais avec les autres et par la seule force de la Parole reçue,  alors tout devient possible.

La première chose que nous voulons transmettre, eh bien c’est ce souffle !
Cette parole qui est souffle !
Et qui permet de remettre les étiquettes à leurs bonnes places.
Mais il y a une deuxième chose que nous avons reçue et que nous voulons transmettre :
                   Lecture de Galates 4/4
Car cette Parole nous délivre !
De tous nos esclavages.
Une Parole qui est une promesse et un horizon offert, ouvert :
-        Tu n’es pas esclave mais fils, fille. Et comme fils, fille, tu es aussi héritier.
Voilà l’horizon.
Voilà l’orient.
Voilà le but de la marche : Nous libérer de tous nos esclavages et nous donner de nous découvrir fils, fille de Dieu.
Fils, fille de la vie ; de l’appel de la vie à la vie.
Libérés, parce que fils, fille.
Et être fils, fille, cela ne se conquiert pas ; cela ne s’achète pas ; cela ne se décide pas :
Cela se reçoit dans l’étonnement d’une naissance !
Et c’est cela, l’incroyable : Il y a en nous cet acquiescement, ce oui de Dieu, cette adoption fondamentale.
Nous, nous n’avons qu’à l’accepter et en vivre.
Oh ! il faudra toute une vie pour cela, mais peut-être est-ce justement cela,  vivre :
Apprivoiser cette incroyable nouvelle : Je suis, tu es enfant de Dieu.
Non plus esclave,
mais fils, fille et comme tels héritier de la vie.
C’est là l’œuvre de Dieu.
C’est cela ce que nous voulons transmettre.
C’est de cela que nous voulons témoigner.
Et si la vie, parfois, s’acharne sur toi,
et si le puzzle de ton existence semble avoir volé en éclats, n’oublie pas :
Dieu, lui, s’en vient souffler sur toutes les pièces pour t’aider à les remettre en place.
Dieu, lui, te le redit sans cesse :
-        J’ai envoyé dans ton cœur, l’esprit de mon fils qui crie en toi : Abba,  Papa.
                                               Amen


                                                       



[1] D’après Antoine Nouis, in La galette et la Cruche, p. 80.