mercredi 16 septembre 2015

Edito de rentrée



« Voici, je fais toutes choses nouvelles ! »
Ainsi quasiment se termine notre Bible, puisque nous lisons ces mots à l’avant dernier chapitre du dernier livre du Nouveau Testament, l’Apocalypse (chap. 21, v. 5).
« Voici, Je fais toutes choses nouvelles ! »
Mais ici, un piège nous guette : celui de croire que toute chose nouvelle serait bonne en soi, comme si parce que maintenant je le peux, cela veut dire que je le dois. Non, bien sûr que non. Tout ce qui est nouveau n’est pas forcément bon, et le discernement ici doit s’appliquer, comme toujours d’ailleurs.
Mais ce verset pose un autre problème, car à bien y regarder, il est tout simplement… faux. Car quoi de neuf, en vérité, sur terre ? Surgit alors de ma mémoire une autre affirmation biblique venue cette fois du vieil Ecclésiaste qui affirme qu’il n’y a « rien de nouveau sous le soleil » (Ecc. 1, verset 9). Et c’est vrai que la haine, la violence, l’envie, la souffrance sont toujours là, pareilles à elles-mêmes, comme si la vie et l’histoire n’apprenaient rien à l’humain.  Alors, que faut-il choisir, le pessimisme réaliste de l’Ecclésiaste, ou l’optimisme utopique de l’Apocalypse ?
Mais si l’ultime piège résidait justement là, dans le fait de vouloir choisir entre ces deux voix ?
Et si au contraire nous retenions les deux ensemble ?
L’une tempérant l’autre tout en l’enrichissant ?
A mieux y regarder, l’Apocalypse ne nous dit pas que d’un coup de baguette magique, surgirait une réalité nouvelle, mais davantage que dans chacune de nos réalités, s’offrent des potentialités nouvelles.
« Voici, Je fais tout chose nouvelle », c’est, au cœur même de nos réalités parfois bien closes sur elles-mêmes, une fenêtre ouverte sur un autrement possible.
Sur un avenir possible, à bâtir ensemble, avec l’aide de Celui-là seul qui peut dire je fais toute chose nouvelle : de la vie, au milieu de la mort ; des sourires, au milieu des larmes ; le pardon, au milieu de la haine ; la confiance, au milieu de la méfiance, de la paix, au milieu de la violence ; de la lumière, au milieu de la nuit de la souffrance.
Voilà ce que Dieu veut pour chacun d’entre nous.
Et pour tenir cela, il nous faut oser vivre en funambule de la foi, dans une recherche constante de ce qui sera le plus juste, non pas seulement au sens moral, mais au sens musical du terme, ou encore au sens qu’il a en menuiserie lorsqu’une pièce s’ajuste bien aux autres. Un des grands principes de la Réforme est ecclesia reformata semper reformanda : Eglise réformée en constante réformation.
Pour cela il importe de prendre parfois des décisions qui se risquent, sans autre garantie que celle d’avoir cherché à être le plus juste. C’est peut-être seulement cela qui nous est demandé.

Alors bonne rentrée, bon ajustement, et que de chacune de nos existences Dieu fasse des vies renouvelées.