( Marc 9, 2 et ss. Méditation du 1er mars 2015 à St Césaire)
Jésus, comme un nouveau Moïse.
Dont le visage rayonne lorsqu’il redescend de la
montagne (Ex 34, 29 et ss).
Transfigurer.
Un petit mot rare, qui n’apparaît que 4 fois dans le
NT et qui a donné en français métamorphose !
Ainsi tout sera une question de forme, de voir ?
Mais il ne suffit pas de voir ; il faut, encore
et encore, une parole qui vienne donner sens à tout cela !
Et quelle parole ? !
La parole du baptême : « tu es mon fils,
l’aimé » (Marc 1, 9).
Mais les deux derniers mots sont différents : à
la place de « en qui j’ai mis mon chérissement »,
Marc nous dit ici que la voix du ciel précise :
« Ecoutez-le » (Marc 9, v. 7)
Ainsi Marc nous dit qu’il faut écouter la voix du Maître.
Tout est là, peut-être, dans cette injonction :
écoutez-le !
Voilà notre vocation, notre chance, notre exigence
aussi !
Écoutez-le !
Et que dit la voix du Maître ?
Ce qu’il ne
cessera de nous dire :
-
Qu’il nous faut changer notre regard.
-
Qu’il nous faut nous laisser transfigurer
par la parole de vie.
Pierre pensait savoir ce qui est bon, mais il ne
savait rien du tout !
Il ne savait pas qu’il devait se laisser transfigurer
par la parole.
Mon frère, ma sœur, laisse-toi transfigurer par le
Christ transfiguré.
Et change ton regard pour découvrir un autre visage de
Dieu.
Pour découvrir un autre visage de l’homme.
Car Dieu et l’homme sont toujours autres que ce que
nous croyons en savoir.
Ils sont toujours à découvrir à tâtons...
Car Dieu nous attend toujours ailleurs, là où
nous ne l’attendions plus.
Comment, comment cela sera-t-il possible ?
N’est-ce pas là comme une définition, en creux, de la foi
:
se laisser transfigurer par Dieu ? C'est-à-dire se laisser retourner,
se laisser faire autre par le Tout-Autre ?
N’est-ce pas cela l’alpha et l’oméga de la prière, que
de se mettre à l’écoute attentive de cette voix qui vient dans l’ombre de la
nuée ?
N’est-ce pas cela l’enjeu de ma foi : apprendre à
voir autrement ; non plus avec mon regard mais avec le regard de
Dieu ?
Et qu’est-il, ce regard, sinon celui que Christ reçoit
et nous communique ?
Car nous voilà, à notre tour, revêtus non pas d’un
vêtement resplendissant mais d’une dignité bien plus précieuse encore :
- - Tu es mon fils ;
- - Tu es ma fille bien-aimée.
Même si toi tu crois que tu n’en vaux pas la peine !
Voilà le miracle de la foi.
Voilà le miracle de la transfiguration.
Mais je ne suis pas le Christ, me direz-vous !
Avez-vous oublié l’épître aux Galates :
" Lorsqu’est venu l’accomplissement des temps,
Dieu a envoyé son fils, né d’une femme et assujetti à la loi, afin de nous
revêtir de l’adoption. Ainsi, tu n’es plus esclave, mais fils, fille, et comme
tel, tu es aussi héritier : voilà l’œuvre de Dieu."(Gal. 4/4)
Mais si cela valait aussi pour la
métamorphose ???
Paul, encore :
" Nous tous, nous sommes transfigurés en un même
visage, de gloire en gloire, par le Seigneur…" (2 Cor. 3/18)
Et ailleurs :
" Soyez transfigurés par le renouvellement de
l'intelligence…" (Rom 12/2)
Paul, ici, emploie le même mot que Matthieu et Marc :
métamorpheo (et que Luc a choisi de
traduire par « autre »).
Ce mot, je l'ai dit, n'apparaît que 4 fois dans tout le Nouveau
Testament, soit 2 fois pour Jésus, et deux fois pour l'homme !
Ma sœur, mon frère, ne dis pas : Christ est
transfiguré, si tu ne peux pas dire en même temps : je suis, tu es transfiguré
avec lui.
Ma sœur, mon frère, laisse-toi transfigurer par le
Christ transfiguré.
Comment ? Tu le sais bien : seule ta prière
peut te donner assez d’humilité pour l’accueillir.
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